Après les discours de Michèle Alliot-Marie et Jean-Pierre Raffarin, le maire de la ville Alain Juppé introduit Nicolas Sarkozy. Après une brève mise en garde envers les « adeptes des basses manœuvres » qui « préfèrent salir que débattre », il a rendu hommage à plusieurs figures bordelaises : Montaigne, Montesquieu, Goya, Mauriac et Chaban-Delmas.
Nicolas Sarkozy a ensuite entamé le portrait de sa « politique de la vie » qui « commence en faisant la guerre aux causes de la guerre », martèle-t-il, en dénombrant, parmi ces « causes », le réchauffement climatique, le gaspillage, la pauvreté. Mais face à ces menaces, Nicolas Sarkozy refuse la « montée de l’obscurantisme » qui vise à ses yeux la science, la raison et la croissance. Il a dénoncé ceux qui font de l'écologie politique une nouvelle idéologie totalitaire visant à nier l'économie de marché et à préférer la décroissance à la croissance. En somme il s'est dit contre tous ceux qui veulent nous plonger dans un état de nature qui n'a jamais existé auparavant.
"Certains proposent de tout arrêter, de revenir en arrière, de récuser la science, de mettre la raison de côté. Je ne partage pas cet avis. Car le procès fait à la science et à la raison pourrait déboucher sur la plus profonde des crises intellectuelles et morales. La montée de l’obscurantisme serait une conséquence pire que le mal que l’on prétendait soigner. En voulant donner la préférence à la nature sur la culture, à l’instinct sur la raison, à la décroissance sur la croissance, on préparerait une catastrophe pire que celle que l’on cherche à éviter. On ne sauvera pas l’humanité, on ne préservera pas la planète en abaissant l’homme, en essayant de ressusciter un état de nature qui n’a jamais existé. On ne sauvera pas l’humanité en faisant de l’écologie une idéologie totalitaire qui se donnerait pour objectif de libérer l’homme de la civilisation pour le renvoyer à l’état sauvage. On ne sauvera pas l’humanité en appauvrissant tout le monde et en partageant le travail. Je refuse que l'on somme l'homme de choisir entre la croissance et l'environnement. Je veux le progrès économique dans le respect de la planète. Je veux l'emploi pour tous avec le développement durable. Je veux l'Europe et la nation. Je veux le mouvement et l'ordre. Je veux la synthèse car la France est une synthèse."
« A quoi sert la politique si elle se contente d’accompagner une sorte de sélection naturelle qui fait triompher le fort et anéantit le faible ? », s’interroge-t-il en abordant le volet « éducation » de son discours. Nicolas Sarkozy invoque alors Jules Ferry, citant une lettre du fondateur de l’école républicaine aux enseignants d’alors : « Monsieur l’instituteur, vous êtes l’auxiliaire du père de famille : parlez donc à son enfant comme vous voudriez qu’on parlât au vôtre. Il ne suffit pas que vos élèves aient compris et retenu vos leçons ; il faut surtout que leur caractère s’en ressente : c’est surtout hors de l’école qu’on pourra juger de ce qu’a valu votre enseignement. Vous avez flétri l’égoïsme et fait l’éloge du dévouement : ont-ils, le moment d’après, abandonné un camarade en péril pour ne songer qu’à eux-mêmes ? Votre leçon est à recommencer. Et que ces rechutes ne vous découragent pas ! Ce n’est pas l’œuvre d’un jour de former une âme libre. », dit le texte. « Jules Ferry, ça vaut bien des circulaires de bien des ministres de l’éducation qui se croient moderne, mais qui sont démodés », ajoute-t-il à l’intention de certains de ses adversaires, passés dans ce ministère. Il souhaite, si il est élu, un ministre de l'éducation qui s'adresse au professeur avec son coeur et non par l'intermédiaire de notes froides rédigées par les technocrates de son cabinet.
"La politique de la vie c’est celle qui ne tolère pas l’enfant racketté, la jeune fille violée, la loi des grands frères, qui ne tolère pas l’excision, la polygamie, l’infériorisation de la femme. La politique de la vie aujourd’hui c’est celle qui, tout en responsabilisant les familles, les aide à élever leurs enfants quand elles en ont besoin. C’est celle qui verse une allocation dès le premier enfant parce qu’il représente une charge très lourde pour un jeune couple. C’est celle qui soutient les parents trop jeunes ou trop pauvres. La jeune mère qu’on garde le moins longtemps possible à la maternité, qui ne peut compter sur aucun conseil, sur aucune aide, qui est parfois isolée, loin de sa famille, seule pour faire face parce que le père est absent, qui va être vite confrontée à la difficulté de travailler tout en s’occupant de son enfant.
La politique de la vie c'est celle qui fait comprendre que la famille n'est pas qu'un lieu pour recevoir des allocations mais aussi pour transmettre une éducation. Pour ceux qui n'exercent pas leurs responsabilités parentales je demande la mise sous tutelle des allocations familiales.
L’enfant est innocent, l’enfant n’est pas responsable. La pauvreté, la misère il les subit. Il n’y est pour rien. Il faut aider l’enfant, lui donner sa chance, détecter le plus tôt possible ses difficultés, ne pas le laisser s’abîmer, ne pas le laisser s’enfermer, se replier sur lui-même.
La politique de la vie c’est celle qui organise l’étude pour que les orphelins de 16 heures dont les parents travaillent puissent faire leurs devoirs à l’école au lieu d’être livrés à eux-mêmes. C’est celle qui accueille dans des internats d’excellence les bons élèves des familles les plus modestes qui ne peuvent pas étudier chez eux.
La politique de la vie c’est celle qui permet de se former tout au long de la vie. C’est celle qui offre une deuxième chance à ceux qui ont quitté l’école trop tôt et qui veulent reprendre des études ou une formation.
La politique de la vie c’est la politique qui lutte contre l’immigration clandestine qui fait la fortune des marchands de sommeil et des passeurs sans scrupule qui n’hésitent pas à mettre en danger la vie des pauvres malheureux dont ils profitent de la détresse et qui sont souvent employés au noir dans des conditions honteuses. Celui qui a été reconduit dans son pays ne doit pas pouvoir obtenir de titre de séjour pendant les 5 ans qui suivent. Et les étrangers en situation irrégulière doivent être exclus du droit au logement opposable.
La politique de la vie c’est l’immigration maîtrisée, c’est la fixation chaque année le nombre des étrangers que nous pouvons accueillir dans des conditions qui permettent de respecter la dignité des personnes. C'est l'obligation pour celui qui veut résider en France de parler et d'écrire le français. C'est l'obligation pour celui qui veut faire venir sa famille de prouver qu'il a des revenus de son travail suffisant pour la faire vivre et un logement pour la loger."
« C'est en procurant à chacun les moyens de faire de sa vie une aventure dont il sera le héros », termine Nicolas Sarkozy, avant de clôturer son discours en citant le Chant des Partisans de l'académicien Maurice Druon, "Ici, chacun sait ce qu'il veut, ce qu'il fait, quand il passe ami, si tu tombe, un ami sort de l'ombre à ta place, demain du sang noir séchera au grand soleil, sur les routes. Chantez compagnon, dans la nuit, la liberté nous écoute."
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