Une vision pour l’université :
- Un système en faillite
Premier point, notre système universitaire est profondément inégalitaire. La pseudo-
démocratisation de l’accès à l’enseignement secondaire a été un mauvais service rendu aux
jeunes, elle s’est malheureusement transformée en nivellement vers le bas et chômage pour
les étudiants.
En effet, aujourd’hui 63% d’une classe d’âge a le baccalauréat contre 24% en 1975. Petite parenthèse ce nombre est encore plus fort cette année puisque grâce à l’action de syndicalistes irresponsables et grâce au soutien de certains professeurs, le baccalauréat a été bradé ce qui a pour conséquence de le dévaloriser un peu plus.
Cette augmentation récente du nombre d’étudiants ne doit cependant pas dissimuler le retard
pris par la France en matière d’accès à l’enseignement supérieur au cours des précédentes
décennies.
Aujourd’hui 22% de la classe d’âge des 25-34 ans a reçu une formation universitaire, ils ne
sont que 14% dans ce cas pour l’ensemble des 25-64 ans. À titre de comparaison, ils sont 18%
au Royaume-Uni et 30% aux Etats-Unis. De surcroît la part des jeunes qui obtiennent un
diplôme universitaire en France (26%) est plus faible que dans l’OCDE (32,2%).
Plus grave encore, cet accès restreint à l’enseignement supérieur est teinté de fortes inégalités
sociales. Aujourd’hui 35% des enfants d’ouvriers y ont accès contre 77% pour les enfants de
cadres. Et ne parlons pas des Grandes Ecoles !!
Le système universitaire manque aussi profondément de moyens, 1,4% du PIB est consacré
en France à l’enseignement supérieur contre 2,9% aux Etats-Unis ou 1,8% dans les pays
scandinaves. La France est en fait le seul grand pays industrialisé qui dépense plus pour
un lycéen que pour un étudiant !
Le deuxième point, l’université ne remplit pas sa mission principale, à savoir garantir
l’insertion professionnelle des jeunes. Alors que le taux de chômage diminue habituellement
avec l’élévation du niveau de qualification, les diplômes de second et de troisième cycle
universitaires connaissent pourtant un taux de chômage plus élevé que ceux qui n’ont effectué
que deux années d’études supérieures.
Plus grave encore, un après l’année d’obtention de leur diplôme, 53% des bacs+4 et au delà
recherchent toujours un emploi.
On connaît tous les raisons de cette défaillance. Il suffit de faire un stage en entreprise et
d’écouter ce que disent les recruteurs : « mais votre formation est beaucoup trop théorique, on
ne fait jamais comme ça dans le monde du travail. »
Ce décalage entre l’université et le monde de l’entreprise est sans conteste ce qui fait que
l’université n’est pas adapté aux emplois d’aujourd’hui et qu’elle a donc de plus en plus de
mal à offrir un emploi à ses étudiants.
Enfin le troisième et dernier point, c’est le décrochage de l’université française sur la
scène internationale.
La première université française (Paris VI) est au 45ème rang dans le classement de Shanghai
qu’on peut certes discuter, mais reconnaissez qu’il plus facile de contester un classement
quand on y est mal classé.
Au niveau de la recherche, le décrochage se confirme un peu plus chaque jour. La part de la
France dans le volume mondial des publications et des citations scientifiques diminue depuis
plusieurs années. Néanmoins la France conserve une position flatteuse en matière de brevets.
Quant aux récompenses internationales, au cours des 25 dernières années, seulement 5
chercheurs français se sont vus attribuer un Prix Nobel en physique, chimie et médecine
physiologie contre 6 au Japon, 16 en Allemagne et 100 aux Etats-Unis. Dans le pays de
Molière et de Voltaire, on attend aussi un Prix Nobel de littérature.
Partant de ce constat irréfutable, tout le monde sait très bien les mesures qu’il faut mettre en
œuvre pour redonner un nouvel élan à l’université. Mais par enfermement idéologique ou par
manque de courage politique, personne n’ose dire les choses qui fâchent.
Voilà pourquoi nous soutenons Nicolas Sarkozy et la « rupture tranquille ». On entend
beaucoup gloser sur ce mot. Pourtant le mot de rupture veut tout simplement dire rompre avec
la façon dont nous faisons de la politique depuis 30 ans, rompre avec les discours
complaisants, rompre avec les discours convenus. Disons enfin la vérité aux étudiants et
arrêtons de masquer la réalité aux jeunes de France.
Quelle est cette vérité ?
2. L’avenir de l’université passe par l’autonomie
Il faut de toute urgence accorder l’autonomie réelle aux universités. L’autonomie a
plusieurs vertus.
Première vertu, les universités vont pouvoir délivrer des formations qui leur sont propres
et donc une concurrence saine s’instaurera entre les différentes universités pour proposer les
meilleures formations possibles. L’exemple de Dauphine grâce à son statut particulier qui lui
confère une autonomie réelle est révélateur. Cette université est connue pour son identité
propre et l’originalité de ses formations. L’interdisciplinarité, la recherche fondamentale, la
professionnalisation des cursus, la pédagogie en petits groupes et le développement
international constituent désormais les axes de développement de Dauphine.
Il n’y pas d’autonomie sans évaluation. Grâce à une évaluation des professeurs, des
formations, des projets de recherche, des débouchés, de la gestion financière, les étudiants
issus de tout milieu (et non plus grâce à l’argent ou aux relations) pourront choisir en toute
connaissance de cause l’université qui correspond le mieux à la formation de leur choix. Voilà
comment garantir une véritable égalité des chances ! Comment peut-on encore accepter
d’inscrire des jeunes en psychologie alors que l’on sait pertinemment qu’ils ne trouveront
aucun travail à la sortie ?
Le second point positif de l’autonomie c’est la diversification des financements des
universités. Chaque Président d’université pourra aller rechercher des financements privés et
donc mieux lier sa Faculté au monde du travail. Le financement de l’université par les
entreprises est indispensable pour les étudiants car ils leur permettront à travers ces
partenariats entreprise/université de décrocher plus facilement des stages ou des emplois.
Enfin les financements privés permettront une augmentation du budget des universités
ce qui permettra de rénover des infrastructures en désuétude. Comment ose-t’on
prononcer le mot de campus en France ? vétusté, promiscuité, manque de logement
universitaire...
Il faut également mettre en place des comptes épargne-formation pour qu’un jeune rentré
précocément sur le marché du travail puisse à tout moment se former et changer de métier.
Autre question qui fâche mais qu’il faut avoir le courage de mettre sur la table. Il faut de toute
urgence augmenter les frais d’inscription. On ne peut plus continuer avec un système ou un
étudiant paye 300€ en moyenne alors qu’il en coûte environ 7000 à l’Etat. Pour augmenter ces
droits de façon juste plusieurs pistes s’offrent à nous. Il y a tout d’abord l’exemple de
Sciences-Po Paris qui applique deux principes pour les droits d’inscription : principe de
progressivité ou les droits sont modulés en fonction des ressources du foyer familial, et
principe de gratuité pour les élèves éligibles aux bourses du CROUS.
Il nous faut également revoir la carte universitaire française. Il y a 85 universités en
France, à titre d’exemple, il y a 5 ou 6 facs de droit sur paris, ne pourrait-on pas les regrouper
dans un seul centre universitaire au rayonnement international ?
Enfin, il faut que l’Etat et les entreprises françaises investissent plus dans la recherche.
L’insuffisance des moyens consacrés à la recherche est d’abord à mettre au compte de la
situation dégradée des finances publiques. Pendant des années, la France s’est privée
d’investissements publics essentiels dans des secteurs d’avenir, à l’inverse des Etats-Unis.
Il faut néanmoins revoir le mode de financement public des établissements de recherche.
Hérité de la guerre le financement se fait non pas en fonction de la qualité de la recherche
menée, mais en fonction du nombre de chercheurs par établissement, puis par unité de
recherche. Pour changer cela il nous faut un organisme d’évaluation plus cohérent.
La France offre aussi trop peu de perspectives financières intéressantes aux chercheurs les
plus talentueux, les salaires sont 40 à 50% plus bas que les moyennes internationales. La
gestion des carrières des chercheurs et des enseignants n’est pas source d’émulation. Les
jeunes chercheurs sont vite bloqués dans leur avancée hiérarchique.
L’avenir de la recherche se fera à l’échelle de l’Europe. On espère que le nouveau Conseil
Européen de la recherche saura donner une nouvelle impulsion à la recherche en créant des
projets innovants comme elle l’a su le faire autour de Galiléo par exemple. Les universités
doivent être au centre de l’économie de l’innovation. Les pôles de compétitivité doivent donc
être développés car ils sont une avancée majeure pour notre pays. Ils permettent de renforcer
les capacités de R&D présentes sur le territoire français, d’attirer des investissements
étrangers et de créer des emplois à haute valeur ajoutée.
Le projet de Nicolas Sarkozy pour l’avenir de l’université est un projet qui se veut
pragmatique et de bon sens. C’est un projet qui ne masque aucune des réalités de notre
système universitaire et qui apporte des solutions pour construire une université juste,
reconnue sur le plan international et qui offre à chacun un avenir professionnel.
Alors rejoignez-nous, chers étudiants, à construire tous ensemble cette université de la
‘France d’après’ et faisons de nos ambitions une réalité.
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